L’individuation n’est pas un luxe

 

[…] toute connaissance qui n’est pas éprouvée par l’être tout entier, qui n’est pas transformante (co-naissance, dirait Claudel), est inutile, et même nuisible.

Il ne peut y avoir de devenir conscient que vécu, non seulement sur le plan psychique, mais concrètement : c’est un processus d’Incarnation ; s’individuer, c’est, en un sens, quitter l’une après l’autre les situations maternelles.

L’Individuation n’est pas un luxe ; nécessaire à l’existence de l’individu, face au collectif, c’est aussi à travers les êtres individués que se fait l’évolution humaine.

[…]

L’ être humain est ici la victime d’un archétype non intégré : celui de la GRANDE MERE, Déesse aux dons inépuisables.
Il ne peut croire, même devant les faits et les chiffres qui lui apportent la preuve du contraire, que la Terre-Mère puisse ne pas être miraculeusement, magiquement, renouvelée ; aussi en dilapide-t-il les richesses comme un enfant totalement inconscient. des conséquences de ses actes.
Il répugne à en devenir conscient, car ce serait s’expliquer avec un des archétypes les plus puissants qui soient, la MERE, ce qui équivaudrait à devenir définitivement adulte ; or, nous savons combien est difficile déjà la différenciation d’avec la mère personnelle, puis d’avec les « mères » de remplacement que sont les communautés, qu’elles soient Eglises, Patries, partis politiques, ou écoles de psychologie !

Cesser de projeter l’inépuisable richesse de l’archétype (richesse réelle sur le plan psychique, mais seulement sur celui-là), est vital, au degré d’évolution auquel nous sommes parvenus.

— Francine saint René Taillandier, « Rayonnement du Centre et menaces de l’inconscience » in Bulletin archive n° 18 du Groupe CG Jung Paris, janvier 1970, page 6.
L’article en entier peut-être téléchargé sur le site du groupe Jung