Je t’écris de la main gauche
Celle qui n’a jamais parlé
Elle hésite, elle est si gauche
Que je l’ai toujours cachée
Je la mettais dans ma poche
Et là elle broyait du noir.
Elle jouait avec les croches
Et s’inventait des histoires.
Je t’écris de la main gauche
Celle qui n’a jamais compté
C’est celle qui faisait les fautes
Du moins, on l’a raconté.
Je m’efforçais de la perdre
Pour trouver le droit chemin
Une vie sans grand mystère
Où l’on n’se donne pas la main.
Des mots dans la marge étroite
Tout tremblants qui font des dessins.
Je me sens si maladroite
Et pourtant, je me sens bien.
Tiens voilà, c’est ma détresse
Tiens voilà, c’est la vérité.
Je n’ai jamais eu d’adresse
Rien qu’une fausse identité.
Je t’écris de la main bête
Qui n’a pas le poing serré
Pour la guerre, elle n’est pas prête
Pour le pouvoir, n’est pas douée.
Voilà que je la découvre
Comme un trésor oublié
Une vue que je recouvre
Pour les sentiers égarés.
On prend tous la ligne droite
C’est plus court, oh oui, c’est plus court
On n’voit pas qu’elle est étroite
Qui n’y a plus d’place pour l’amour.
Je voulais dire que je t’aime
Sans espoir et sans regrets
Je voulais dire que je t’aime
T’aime, parce que ça sonne vrai.
— Danielle Messia, De la main gauche, chanson écrite en 1982 et figurant sur l’album du même nom.
Comments 4
comme un vieux fou, peut-être…
Main gauche… main de la dépossession ?
Il ne manque qu’un peu plus de 150 mots disparus entre l’envoi du commentaire et sa parution ici.
Dépossession fatale touchant à la quantité, mais peut-être aussi au sens, si ce commentaire en avait un tant soit peu… 🙂
Author
Bonjour et merci de le signaler. Je n’ai malheureusement aucune idée de ce qui a pu se produire, mais je comprends mieux à présent mon impression première… 🙂
Bonjour,
le voici en entier, si Dieu veut… :
Deux passantes sont passées tout à l’heure devant moi, au bord de l’eau, dont les mots et le ton, dont toute la mise aussi, me faisaient deviner (ou imaginer?) une main droite bien maîtrisante et bien possédante. Peu après, des mots ont glissé à mon oreille, l’ont frôlée comme des oiseaux venus du large, comme une brise marine murmurant entre les pins et les chênes ensoleillés :
» Essentiellement, nous ne possédons rien. » disaient-ils.
Et mes yeux se sont posés – hasard malicieux – sur le nom du voilier isolé, reposant sur sa quille, non loin de moi : « No stress », était son nom…
L’avais-je déjà lu, très inconsciemment, depuis que j’étais assis là, contemplant la grève luisante, le vol des goélands, l’aigrette garzette en pêche dans le chenal bouillonnant de menu fretin ?
Je ne sais pas. Mais la rencontre m’a fait rire, bien rire tout seul sur mon banc du bord de l’eau, comme un vieux fou, peut-être…
Main gauche… main de la dépossession ?
Peel