Il nous faut apprendre à nous aimer comme des frères,
sinon nous allons nous entretuer comme des imbéciles
— Martin Luther King
Si tu veux la paix, prépare-la.
Nous sommes puissants, bien au-delà de ce que nous croyons savoir de nous.
Par habitude, nous sommes beaucoup plus habiles à préparer la guerre que la paix. C’est un vieux logiciel, pavlovien. Et forcément c’est la guerre que nous obtenons. Pour cela, nous avons un ministre et un ministère, une administration et une armée de personnel avec ses corps d’élite, des grands moyens de recrutement, d’entrainement, de communication et de couverture médiatique, d’espionnage et même de recherche, et bien sur une légitimité historique (« on l’a toujours fait… »).
La guerre, oui, nous savons y faire.
Et la paix, c’est quand, où et comment qu’on apprend à « savoir y faire » ? Où est le ministre, le ministère et le personnel en charge de l’organisation de programmes et formations, du soutien logistique et de la couverture médiatique, où est le budget, le recrutement, le soutien à la recherche et au échanges internationaux ?
Et surtout, qui accepte en haut lieu de légitimer l’éducation — tant scolaire que permanente — à la paix ?
La paix, cela s’apprend, comme les math, le foot, les langues et la conduite d’une voiture.
La paix ne tombe pas du ciel, sauf chez les Bisounours. La paix s’apprend, se travaille, s’organise et se structure avec au moins autant d’attention, de rigueur, de détermination et d’engagement que la guerre. Elle requiert une discipline de savoir être, qui permet le savoir être ensemble. Toute maîtrise d’une discipline suppose des apprentissages, donc du temps et la volonté d’y parvenir.
Nous disposons [d’armes] d’outils de construction massive, aussi performants qu’ignorés du grand public.
Il existe des dizaines et dizaines d’outils de paix qui ont fait leur preuves dans de nombreux registres, certains depuis plus de 30 ans et bien plus, pour apprendre à se pacifier soi, pacifier les relations aux autres, ouvrir son coeur et son discernement, gérer ses émotions, faire bon usage de la colère ou de la peur, savoir s’exprimer avec vigueur sans violence, savoir écouter l’autre sans craindre sa vigueur, développer du respect pour l’altérité et de l’empathie pour l’autre, traverser les conflits de façon « win-win », faire les deuils nécessaires, nourrir son inspiration et sa créativité…
Ce sont des processus que nous pouvons apprendre à mettre en place petit à petit dans la durée (v. ci-dessus : rigueur, discipline, structure, engagement et temps). Rien à voir avec des trucs ou recettes de magazine comme tant de gens le croient.
La majorité de nos contemporains ignorent ces possibilités et subissent leur vie, subissent les tensions récurrentes, le doute et la détresse, la rage et la peur, la frustration croissante et l’amertume (et donc la tentation de compenser leur mal-être plutôt que de nourrir leur bien être), sans même imaginer que des outils existent pour se transformer, transformer sa vie et se déployer autrement.
La majorité de nos dirigeants et des responsables de nos écoles, Hautes Ecoles et Universités, de nos religions, nos administrations, nos média, et de nos journalistes ignorent ou n’ont pas compris la puissance de transformation dont chacun de nous dispose. Ils ne contribuent donc pas à faire connaître ces approches et processus auprès du grand public. Seuls le bouche à oreille et quelques magazines spécialisés, quelques sites internet, quelques rares émissions souvent aux heures tardives, quelques congrès et salons, et quelques affiches aux sorties de livres permettent au citoyen perdu d’avoir un premier contact avec le monde de la transformation intérieure.
Pour éviter de nous retrouver tous ensemble, en flagrant délit de non-assistance à personnes en danger, pire, non assistance à l’Humanité en danger, au sortir des attentats tragiques et à la veille de la Cop21, je propose aux personnes qui partagent ces convictions de témoigner et diffuser largement cette conscience-ci (qui est — pour ce qui me concerne — le fruit de plus de 20 ans de pratique de l’accompagnement des personnes à travers les cycles, saisons et méandres de l’existence) :
— la violence n’est pas l’expression de notre nature : elle est l’expression de le violation de notre nature (Cessez d’être gentil soyez vrai, 2001, p. 233). Lorsque nos besoins fondamentaux (amour, reconnaissance, appartenance, avoir sa place, expression de soi, sens a sa vie, équité, partage, etc) ne sont pas nourris et si nous ne savons comment pas nommer et faire comprendre ce qui se passe en nous, nous pourrions tous être violents.
— ainsi, la violence et la maltraitance faites à la Nature est le reflet spectaculaire de la violence et maltraitance faite par chacun de nous à sa nature intime.
— c’est donc citoyen d’apprendre à respecter sa nature profonde et à se pacifier : un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant. Il est tout sauf passif et béni-oui-oui : il crée un sillage fécond de pacification.
— la clé du changement est à l’intérieur : faisons connaître les outils de paix et de transformation intérieure. « Secouons » (chaleureusement) nos dirigeants de tous ordres pour qu’ils les encouragent et les facilitent concrètement, à l’école (de la maternelle à l’université), dans les hôpitaux, les lieux de sport, les Eglises, les services publics, les administrations, les entreprises.
— et encourageons par notre attitude les sceptiques et les incrédules de tous bord à quitter la posture de sourire gentil parfois narquois voir condescendant que certains peuvent encore adopter lorsque les notions d’éducation à la paix et à la NonViolence sont exprimées ; soutenons nous mutuellement pour découvrir, intégrer et faire découvrir les pratiques qui permettent de développer une Intériorité citoyenne.
Pour développer cette attitude, voici quelques piste parmi bien d’autres (pour chaque point des méthodes existent) :
— prendre régulièrement du temps de présence à soi pour ne pas laisser des cocottes minute d’émotions non traitées se remplir et s’empiler dans nos cœurs jusqu’à explosion ou implosion ; et pour ne plus balancer à l’autre « toi tu es la goutte qui fait déborder mon vase ! » (Sans blague, qui est responsable de mon vase intérieur, l’autre ou moi ?).
— développer ainsi une hygiène de conscience, une douche psychique aussi régulière et évidente que notre hygiène et notre douche physiques. Petit à petit, cela permet de jardiner un état de paix et de force intérieures contagieux.
— apprendre ainsi à comprendre et aimer l’humain en nous sous toutes ses couleurs et dans tous ses états, pour ainsi apprendre à comprendre et si pas à aimer du moins à respecter l’humain en l’autre, bien au-delà des conforts qui nous dorlotent et des inconforts qui nous dérangent.
— Lâcher la vieille habitude de vivre les rapports humains comme des rapports de force (domination-soumission-agression-démission-manipulation-séduction-compéti-tion, …). S’ouvrir à et s’habituer à créer des rapports de collaboration, confiance, synergie et co-création.
— développer notre faculté naturelle d’empathie pour l’autre et de bienveillance, même et surtout si nous ne sommes pas d’accord : apprendre à ressentir ce que l’autre ressent avant de lui répondre ; apprendre à lâcher la prétention à avoir raison, source de tant de tensions égotiques stupides
Rappellons : « nous avons un choix fondamental dans l’existence : être heureux ou avoir raison » (ACIM, cité par Marshal Rosenberg).
— fréquenter de plus en plus régulièrement et en pleine conscience nos états de joie, pour conjurer le logiciel de la culture du malheur et de la plainte dans laquelle nous avons grandi. Ce qui fait joie fait sens. Et fréquenter nos rêves ; nos rêves sont la clé de l’innovation et du changement. Tous ce qui existe — en dehors de la nature — a d’abord été rêvé !
— développer ainsi notre aptitude naturelle à la gratitude : voir et célébrer ce qui est, ce qu’on a et vit plutôt que de se plaindre de ce qu’on n’a pas ou ne vit pas. La gratitude est la vigoureuse vitamine de la relation à soi, à l’autre à la vie (v. à ce propos les découvertes étonnantes de la Psychologie positive et de la Physique quantique)
Voyez, il s’agit bien — comme pour la guerre — d’apprentissages qui demandent du courage, de la rigueur et de la persévérance. Rien de bisounours : c’est du travail. Or nous savons apprendre, nous savons travailler, nous savons être persévérants et rigoureux.
Nous sommes donc puissants.
— Thomas d’Ansembourg, texte posté sur Facebook peu après les attentats du Bataclan et des terrasses à Paris, le 13 novembre 2015 : « Après le 13 novembre ».
Comments 1
Merci de partager ce texte qui touche à des enjeux essentiels. Mobilisons-nous pour la paix !