Témoignage : rêves et santé

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ShoesVoici un autre témoignage sur les rêves et la santé : celui de Deborah Dutilh qui a eu la vie sauve grâce au diagnostic « posé » par un rêve

Tu marches dans mes bottes…
Mon ex-mari, Jean-François, est mort d’une tumeur cérébrale en février 2011.
Et puis il est revenu en rêve, le 22 août 2013 ; je me suis demandée si je devais m’en faire. Malgré notre divorce, nous nous inquiétions toujours l’un pour l’autre, et nous savions que nous serions toujours reliés grâce à nos enfants. Dans ce rêve,

Jean-François me rend visite et me donne le dessin qu’il a fait d’un drôle de phoque. Nous marchons le long de la plage, main dans la main. Je porte ses vieilles chaussures de randonnée en cuir robuste, à semelles épaisses avec de longs lacets rouges enroulés plusieurs fois autour de mes chevilles. Puis, soudain, nous sommes dans sa voiture dans les allées d’un grand magasin genre Target, cherchant une sortie.

Je me suis réveillée avec un fort sentiment d’anxiété ; je n’aimais pas du tout le sens de ce rêve ! Je sais que le sceau(*) représente le pacte que nous avons fait :  être reliés. Marcher dans ses chaussures veut-il dire que j’ai aussi un problème de santé ? Ces longs lacets rouges symbolisent-ils nos âmes à jamais enlacées ? Quel avenir m’est réservé dans le magasin ? Dois-je faire les rayons pour trouver une solution ? Bien sûr que non ! Je n’ai aucun problème de santé, je suis en parfaite santé, ai-je tenté de me convaincre.

Lorsque nous ne voulons pas faire face à la peur de ce que le rêve peut signifier, il est facile à notre critique intérieur de glisser vers une interprétation différente pour nous protéger de ce que dit l’intuition.
Au réveil, cet esprit critique me dit : « Evidemment que tu n’as pas de tumeur au cerveau ! Tu te rappelles combien tu t’es battue pour construire ton entreprise ? Mais tu aurais pu le soutenir davantage quand il a monté la sienne, il y a quelques 25 ou 30 ans ! Tu te souviens ? tu disais que tu aurais travaillé pendant qu’il montait sa boîte, mais après des années sans aucune rentrée d’argent, tu en as eu vraiment marre, et tu as commencé à éprouver du ressentiment. Admets-le ! Tu devrais te sentir coupable à ce sujet !!
Donc voilà ! La culpabilité, c’est mieux qu’une tumeur au cerveau, n’est-ce pas ? » me soufflait cet esprit critique.
Le fait de n’avoir aucun symptôme à ce moment-là, rendait la chose plausible, mais mon intuition me soufflait autre chose. Je n’avais pas d’autre choix que d’attendre et de voir.

Le 14 Septembre, j’ai ressenti une terrible migraine qui m’a conduite aux urgences. Il existe tant de causes, pour les maux de tête que les médecins n’étaient pas inquiets. On m’a renvoyée chez moi avec des antalgiques et la consigne de me reposer et de boire beaucoup. Une fois de plus mon intuition n’était pas d’accord.

Puis, le 18 Septembre, j’ai eu un autre rêve, très clair, dans lequel on me rendait hommage, j’étais invisible et je pouvais facilement passer à travers le corps des invités qui racontaient des histoires sur moi et disaient combien j’avais été courageuse !
Ce rêve confirmait vraiment que j’avais quelque chose de très grave.

Je suis allée voir mon médecin le jour même. Il m’a écoutée attentivement quand je lui ai parlé de mes rêves et de ce que mon intuition me disait. Ironiquement, les dates correspondaient elles aussi. J’ai eu la migraine le 14 Septembre, soit 4 ans jour pour jour, après la crise de Jean-François. Ce mal de tête inhabituel avait également inquiété mes fils . Nous avions déjà connu cela avec leur père et avions tous besoin d’avoir l’esprit en paix.
J’ai demandé : « Docteur, pensez-vous que les rêves peuvent annoncer une maladie ? »
Il le pensait, heureusement, et il m’a adressée à un neurologue pour une IRM afin d’exclure tout problème grave. J’allais pourtant parfaitement bien, mes seuls symptômes : trois migraines et deux rêves très clairs qui n’avaient pas besoin d’une grande expertise pour être interprétés. Malgré tout, cela n’inquiétait personne.

Six semaines plus tard, à la surprise générale, l’IRM montrait une tumeur de la taille d’un abricot sur la surface du lobe temporal droit. Je fus immédiatement admise à l’hôpital pour une chirurgie du cerveau programmée deux jours plus tard — le jour où Jean-François aurait fêté ses 60 ans. J’en sortais deux jours après, le jour de mon 60e anniversaire.

Grâce à mon intuition, aux rêves et aux médecins qui m’ont crue, la détection précoce m’a sauvé la vie. Le diagnostic, glioblastome multiforme, est la forme la plus répandue, la plus meurtrière et la plus maligne de la tumeur. Il n’y a aucun remède et des risques de rechute. Huit patients sur dix mourront de cette tumeur. A côté de ces tristes statistiques, il y a heureusement de plus en plus de survivants à long terme. J’envisage d’être l’une d’entre eux.
Il m’a fallu un certain temps pour accepter le côté surréaliste de ma « normalité » actuelle.

Je suis convaincue que le travail sur les rêves que j’ai fait toutes ces années m’a sauvé la vie en permettant une détection précoce avant tout symptôme diagnosticable. J’ai vraiment eu de la chance de m’être trouvée face à des médecins qui ont tenu compte de mes rêves et de mes intuitions.
Depuis que j’ai récupéré mes parcelles d’âme en travaillant avec Robert Moss, Jean-François me rend souvent visite en rêve pour m’assurer que tout va bien et qu’il ne laissera pas nos fils être privés de nous. Je crois qu’implicitement son âme m’accompagne, avec Panther, mon animal guide, symbole de mort et de renaissance.

(*) en anglais, seal signifie a la fois phoque et sceau.

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Deborah Dutilh a commencé à étudier ses rêves en France il y a plus de 15 ans avec un analyste jungien. Elle a participé à des ateliers avec Robert Moss et fait partie d’un groupe de rêve qui se réunit chaque semaine à Los Angeles. Elle est comédienne et partage son histoire dans un one-woman-show intitulé Dans la cage de la panthère.


© Robert Moss
Article original When her dead ex-husband warned she was walking in his shoes sur le blog de Robert Moss
Traduction : Michèle Le Clech, avec l’aimable autorisation de Robert Moss et de Deborah Dutilh
Relecture : Nelly Delambily, Roger Faglin
Mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas de Modification

A propos de Robert Moss
Robert Moss est l’initiateur de la méthode du rêve actif (active dreaming), une synthèse originale de l’approche moderne du rêve et du chamanisme.
Il anime des séminaires très prisés dans le monde entier, y compris une formation en trois ans sur le rêve actif. Ancien professeur d’histoire ancienne à l’Australian National University, il est romancier, poète, journaliste et chercheur indépendant. La plupart de ses livres, neuf au total, sont des best-seller et traitent du rêve, du chamanisme et de l’imagination : Conscious DreamingThe Secret History of Dreaming, et Dreaming the Soul Back Home.
Son dernier livre, The Boy Who Died et Came Back est le récit personnel de ses aventures entre les mondes.
site web : mossdreams.com

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