« En admettant que Monsieur X tombe amoureux de Madame Y, on le voit placé devant le choix hypothétique de savoir s’il entend vivre cette relation sur un mode platonique ou, au contraire, sur un plan physique. L’homme moderne cultive l’illusion qu’il peut choisir à sa guise sur quel plan vivre les idées archétypiques de l’union des contraires ; que ce soit, par exemple, le plan physique ou spirituel ou encore un plan intermédiaire reliant les deux. Mais en examinant les rêves de personnes aux prises avec de pareilles situations, on constate que l’inconscient a le plus souvent un avis tout à fait tranché quant au plan sur lequel certaines choses devraient être vécues. On constate même qu’il érige parfois des interdits d’une extrême sévérité à l’encontre de l’une ou l’autre sphère. Si le rêveur décide de vivre ce qui est constellé en lui sur un plan erroné, cela peut entraîner la rupture de la relation elle-même […] Mieux vaut donc prêter attention aux rêves et progresser par tâtonnements. Parfois la situation se modifie en cours de route, évoluant par oscillations d’un pôle à l’autre. Les erreurs, commises fautes d’avoir su trouver le bon équilibre, se révèlent par des sentiments de natures diverses ; en cas d’écarts plus graves, on verra apparaître des symptômes névrotiques. »
— Marie-Louise von Franz, La Délivrance dans les contes de fées