Bertrand de la Vaissière
Les Energies du mal
La question se pose de savoir si les forces qui sont à l’œuvre, et conduisent au mal tant sur le plan individuel qu’au niveau collectif peuvent faire l’objet d’un travail conscient en psychothérapie en vue de les intégrer ou de leur donner une place différente ?
Quelle peut être la forme de ce travail. Correspond-il à ce que les traditions et les philosophies ont depuis toujours préconisé.
Qu’apporte t’il de nouveau ?
L’engagement dans la voie de l’individuation est une des réponses à la question du mal dans la mesure où toute analyse approfondie est une descente en enfer, une confrontation avec l’adversaire nécessaire (le diable), et une intégration singulière des énergies nucléaires qui travaillent l’homme.
Les concepts et les arcanes de la psychologie alchimique de Jung qui reposent sur le processus alchimique en tant que tel en sont la démonstration : le rôle indispensable et salutaire de la materia prima, la nécessité de la nigredo, la rencontre inévitable du soufre rouge sont ainsi décrits par les nombreux rêves de patients qui entreprennent une psychothérapie et qui sont analysés ici.
Ce livre issu d’un long travail d’expérience des rêves et de la pratique de l’analyse de ces derniers, montre la synchronicité qui existe entre les rêves des patients et les concepts de la psychologie alchimique de Jung.
Il apporte aussi des illustrations cliniques qui procèdent davantage (mais non exclusivement) de patients de la maturité que de jeunes adultes.
Comments 3
Waow ! Merci de me faire connaitre l’existence de ce livre. D’une actualité brûlante, je le crains…
Author
Je t’en prie Jean. Je ne pouvais manquer de le signaler (il est paru le 7 janvier).
Cadeau pour toi : Bertrand de la Vaissière est intervenu cet après-midi sur ce même thème et le replay sera accessible à partir de demain sur la chaîne YouTube de Salamandre TV.
Enjoy!
Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le mal ?
Bertrand de la Vaissière évoque la « confrontation avec l’adversaire nécessaire (le diable) ».
Je me rappelle alors qu’Annick de Souzenelle, s’appuyant sur une lecture de la Bible fidèle au texte original en hébreu, nous affirme que l’Arbre de la Connaissance qui croit dans le jardin d’Éden n’est pas ‘l’Arbre de la connaissance du bien et du mal’ comme on l’a prétendu, mais qu’il est l’Arbre de la connaissance de l’Accompli et de l’Inaccompli de nous-mêmes. L’Inaccompli de nous-mêmes, ce que nous n’avons pas encore rendu conscient, serait, si j’ai bien saisi son propos, à l’origine des malheurs, à l’origine du mal qui se produit dans le monde.
Jung parle lui aussi des effets néfastes de ce qui est en somme « l’information non traitée » de nous-mêmes :
« Devant la nature nous sommes coupables, car nous n’avons pas encore atteint le degré de conscience que nous devrions véritablement atteindre, cette conscience pour laquelle l’être humain a été véritablement créé. Nous n’avons pas encore atteint cet état, nous sommes encore inconscients dans trop de domaines. Et c’est flagrant. Chaque jour vous pouvez certainement constater la différence qui existe entre ce que vous savez sur le fond des choses et ce que d’autres savent. Vous remarquez ainsi que votre conscience est plus vaste. Si vous parvenez à quelque chose grâce à la psychologie, c’est bien à une conscience plus vaste. Et il ne s’agit pas, alors, d’en faire mauvais usage et de tirer des conclusions mégalomanes : on est coupable de tout ou même on porte le péché du monde. Nous ne sommes pas des dieux, nous sommes juste et encore trop inconscients. Nous ne sommes qu’au début d’une vraie conscience. Il ne devrait donc plus exister de cas où des personnes qui sont censées savoir cela ne veulent pas en tenir compte ni réfléchir parce qu’elles sont stupidement naïves ou paresseuses. » C.G.Jung, « Entretiens » (La nature de la culpabilité – p.182), Éditions La Fontaine de Pierre
Le Diable est l’adversaire nécessaire qui, usant des moyens qui sont les siens, nous pousse dans « la voie du mal », nous confronte ainsi à l’Inaccompli de nous-mêmes, et qui peut ainsi nous pousser à nous engager sur le chemin de l’accomplissement de nous-mêmes. Chemin de l’individuation pour chacun/e et aussi chemin de l’évolution du niveau de conscience et de réalisation pour la collectivité humaine toute entière.
Amezeg