Nous devons le découvrir au bout de bien des tâtonnements, des détours, des chocs douloureux contre les obstacles.
Là, un homme lui indiquera l’emplacement du trésor. Il se lève, endosse son manteau, prend son bâton et se met en route.
Arrivé à la demeure du roi il se heurte à une sentinelle, qui l’interroge et à qui il expose la raison de sa venue.
Et il reçoit cette réponse : « Va dans telle ville, chez tel rabbin, et là, dans la chambre, derrière le poêle, tu trouveras le trésor. »
Il sursaute en entendant le nom de sa ville et le sien et il comprend alors qu’il lui a fallu parcourir tout ce chemin pour mériter d’entrer en possession du trésor enfoui chez lui, derrière son poêle — lisons au plus intime de l’athanor de son cœur.
Nous ne pourrons trouver meilleure illustration de cette légende que la voie alchimique restaurée par Jung, cette voie qui nous mène au fond de nous-mêmes et nous y fait découvrir tout ce que nous projetions au dehors, tout ce que les hommes s’épuisent à rechercher : science, richesse, gloire, succès.
— Etienne Perrot, La Voie de la transformation d’après CG Jung et l’alchimie
Ce livre fondamental constitue une remarquable présentation théorique et pratique de la voie alchimique restaurée par C.G. Jung.
Il comprend deux parties distinctes qui s’enchaînent harmonieusement. La première est formée de six conférences ayant pour thèmes les aspects essentiels de l’œuvre de transformation et de réalisation décrite dans la psychologie des profondeurs de Jung. Ces exposés introduisent tout naturellement ceux de la deuxième partie, qui reproduit le contenu du premier séminaire alchimique public, ouvert à Paris le 16 octobre 1969. L’auteur y parle le langage direct de l’alchimie traditionnelle, qui est celui du symbole transformant. Ces textes, intitulés «La pierre des transmutations», inaugurent l’enseignement de «la nouvelle alchimie» dispensé par Etienne Perrot et recueilli dans ses ouvrages dont la plupart sont publiés à La Fontaine de Pierre.
Etienne Perrot a été chargé de cours (sur l’alchimie) à l’Institut C.G. Jung de Zurich. Il est également l’auteur de plusieurs traductions dont celles du Yi King de Richard Wilhelm et d’oeuvres alchimiques de C.G. Jung.
Comments 1
En nos temps de folie, surarmée pour mieux massacrer ici et là, suréquipée pour mieux détruire la nature, etc., un passage de ce livre* retient mon attention :
« Le vieux roi, c’est l’ego. Quand le roi est devenu vieux et que ses forces l’ont quitté, il faut bien qu’il consente à mourir pour le bonheur du peuple, c’est-à-dire de la totalité, de la personnalité tout entière. L’homme moderne est un vieux roi : il aspire à mourir ; c’est le sens de son angoisse et des cataclysmes dont il accumule les préparatifs dans les laboratoires et les usines d’armes nucléaires.
Toute l’œuvre alchimique, toute l’œuvre psychologique de réalisation intérieure tient en ces trois mots : « Mourir pour renaître. » Le sort auquel nous sommes conviés est celui du phénix. Quand il sent ses forces le trahir, il se prépare lui-même un bûcher, se pose dessus, y met le feu et se consume. Et, au milieu de ses cendres, on voit apparaître, au bout d’un certain temps, un ver, qui est le germe du phénix renouvelé. Ce ver symbolise l’être intérieur naissant. »
* dans : Deuxième partie, Chapitre III : La vendange des raisons – page 223
Lorsque l’œuvre alchimique, l’œuvre d’élargissement de la conscience qui conduit à « Mourir pour renaître » n’est pas réalisée au dedans, n’est pas réalisée au sein des individus composant la collectivité humaine, elle se manifeste inévitablement au dehors par des morts et par des destructions insensées qui pourraient nous rappeler – si nous ouvrions véritablement les yeux et les oreilles pour lire et comprendre ces événements dramatiques – que « L’individuation n’est pas un luxe » et qu’il faut que chacun mette la main à sa propre pâte pour faire lever la pâte d’un monde nouveau.