En septembre 2001, j’ai fait ce rêve :
Un moteur d’avion à quatre cylindres de couleur rouge perd de l’huile ; il en sort de la fumée. L’avion décolle, mais s’écrase immédiatement.
Au réveil, ma première pensée a été : « J’ai un problème cardiaque. » J’ai immédiatement pris rendez-vous avec mon médecin et nous avons parlé de ce qu’il convenait de faire. Je n’avais aucun symptôme, ni aucun problème pour faire de l’exercice. Mon taux de cholestérol était bon.
Le meilleur moyen pour établir un diagnostic, m’a-t-il dit, était de faire un test d’effort au thallium. Ce test implique l’injection d’un marqueur radioactif dans une veine après un effort soutenu sur un tapis de course, puis un scanner pour obtenir une imagerie nucléaire des éventuelles obstructions. Je me demandais bien comment justifier le passage de ce test sur la base d’un rêve. D’un autre côté, je ne voulais pas particulièrement que l’on m’administre une substance radioactive dans le sang, ni payer inutilement de gros frais médicaux.
Quatre mois plus tard, j’arpentais une colline en pleine nuit, à environ 100 mètres de chez moi, quand j’ai ressenti des vertiges et me suis mis à transpirer. J’ai dû m’accroupir trois fois et me reposer avant de pouvoir rentrer à la maison. J’ai téléphoné au médecin de garde qui m’a dit de me rendre directement aux urgences.
Je suis rentré chez moi six heures plus tard, après avoir promis aux médecins que je me rendrais dès le lendemain à Anchorage — à 500 kilomètres environ au sud de Fairbanks — afin de me faire examiner par un cardiologue.
Quand je suis arrivé à son bureau, j’avais des vertiges et transpirais encore. Le cardiologue me dit qu’il souhaitait attendre deux semaines avant de me faire passer une angiographie. (Au cours d’une angiographie, un cathéter est introduit dans l’artère fémorale, près de l’aine, un produit de contraste est injecté, et l’on peut ainsi visualiser la circulation sanguine et d’éventuelles plaques d’athérome dans les artères coronaires.) Préoccupé par l’état d’une de mes dents (risques d’infections supplémentaires lors de l’angiographie), il m’a renvoyé chez moi.
Une fois rentré, je me suis précipité sur internet pour faire des recherches sur ce qui m’arrivait. Tout ce que j’ai pu lire à propos de mes symptômes indiquait que j’avais probablement un syndrome coronarien aigu, ce qui pouvait mettre ma vie en danger.
J’ai appelé le Dr C., un ami que j’ai connu à l’université. Il m’a conseillé de me rendre immédiatement à San Francisco et de m’en remettre aux spécialistes en cardiologie du California Pacific Medical Center.
Le lendemain, je prenais l’avion pour la Californie avec ma famille. Marcher me faisait perdre le souffle ; le monde me paraissait gris et terne. Je ne cessais de penser aux derniers mots d’Emily Dickinson : « Je dois rentrer, le brouillard s’épaissit. » A l’aéroport, j’ai accepté de monter pour la première fois dans l’une de ces voiturettes motorisées pour personnes handicapées.
Le docteur H., le cardiologue avec qui j’avais rendez-vous, m’a appelé à l’hôtel. Quand il a su que j’avais déjà pris trois comprimés d’un dérivé nitré (le nitrate oxygène le sang et réduit les risques de crise cardiaque) et que je me sentais toujours mal, faible et nauséeux, il m’a demandé de me rendre immédiatement aux urgences. L’angiographie qu’il a réalisée montrait une obstruction à 90 % de l’artère coronaire gauche descendante, et une endoprothèse a été mise en place pour dilater l’artère.
Je venais d’échapper à une crise cardiaque foudroyante.
— 14 février 2007
— Dr. Stephen B. Parker, Ame et crise cardiaque – Dans le labyrinthe de la guérison
Traduction : Michèle Le Clech
Quand le cœur s’arrête, c’est un monde qui bascule. Le travail de Steve Parker témoigne d’une autre vie possible quand la mort a approché le cœur et qu’il a survécu. À travers son remarquable témoignage et ses étonnantes peintures, nous sommes invités à observer la transformation d’une vie qui se fraie un chemin vers le renouveau.
— Robbie Bosnak, Traks in the Wilderness of Dreams
Un autre extrait peut être lu : « Les émotions d’un cœur blessé »
Comments 5
Impressionnant ! et le rêveur, qui est un connaisseur en matière de rêves, a mis dans le mille de l’interprétation dès son réveil.
Pourquoi le rêve montre-t-il ce moteur rouge à quatre cylindres comme étant celui d’un avion qui décolle mais s’écrase aussitôt après ? Pourquoi n’est-ce pas le moteur, d’une automobile, d’un bateau, d’une moto…? Est-ce parce que l’oubli ou la négligence de la bonne santé du corps équivaut à un certain décollage au-dessus de la réalité de l’incarnation, à une perte de contact avec ‘la terre que nous sommes aussi’ ?
Le rêve dirait-il au rêveur : si tu perds de vue ta réalité incarnée, si tu t’élèves au dessus de « ta terre » sans lui prêter assez d’attention, au-dessus de ton corps physique et des soins qu’il requiert, le véhicule qui assure ton voyage en ce monde sera anéanti ?
C’est la question que je me suis posée à propos de ce rêve.
Amezeg
Author
Oui, n’est-ce pas ? c’est vraiment formidable de voir sa réaction au réveil.
Le livre qu’il a écrit par la suite (traduction française à venir), et dans lequel il évoque la réalité de l’âme et le rapport à la terre, rejoint l’approche que tu fais du rêve. Un tout grand merci, Amezeg, pour ce commentaire éclairé.
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