La planète des contes, France Inter : Barbe Bleue (émission du 26 décembre 2013)
Il est des contes qui viennent combler un vide du monde, jamais le même car les jours changent. Barbe Bleue, c’est plutôt un conte cumulatif : régulièrement, le monde réel fait apparaître un homme monstrueux — il se nomme Landru, Petiot, peu importe — et il recharge la rumeur du conte, de telle sorte qu’elle bourdonne constamment en nous.
Barbe Bleue a donc une abondante descendance. Cependant son état-civil reste aussi mal assuré. Ici, il est d’emblée un mari monstrueux mais qui n’est pas nécessairement d’origine noble. Ailleurs il garde l’apparence d’un animal fabuleux. Si tant est qu’il y ait une version d’origine, on serait tenté de dire qu’elle rayonne un peu comme le soleil dans la forêt : un peu partout, des troncs, des branches filtrent et transforment la lumière de manière imprévisible.
Les spécialistes s’acharnent à établir qui une classification qui une morphologie des contes. L’exemple de Barbe Bleue montre que l’enchaînement du récit dans le conte ressemble d’abord au réenchantement constant qu’on peut éprouver en pénétrant de plus en plus profond dans les bois.
— voir aussi : Cendrillon
Le Petit Poucet
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Connais-tu le commentaire de Clarissa Pinkola Estes sur ce conte ?
(dans « Femmes qui courent avec les loups »)