La vie foisonne d’expériences, qui s’enregistrent parfois sans qu’on en prenne vraiment conscience, et qui se déposent dans les profondeurs inconnues de nos demeures intérieures. Là, les peurs, les conflits, les situations douloureuses qu’on ne peut ou qu’on ne veut pas envisager sont enfermées.
D’autres expériences au contraire sont vécues sur un mode plus conscient. Analysées, mises en forme par un esprit avide de contrôle et soucieux de comprendre, ces expériences sont simplifiées, interprétées et cataloguées.
Mais lorsqu’on dort, les contrôles baissent la garde. L’expérience vécue s’échappe alors de ses prisons ou de son cadre rationnel, émerge avec tout son poids émotionnel et réapparaît la nuit, souvent habillée autrement, vêtue d’images neuves et parfois très parlantes. Ce qui est réprimé, ce qu’on ne voulait ni voir ni comprendre, se dévoile alors en rêves, en cauchemars, en allégories multiformes.
[…] Raconter ses rêves, c’est indirectement parler de ce que l’on vit, de ses peurs, de ses espérances, de ses frustrations reconnues ou non. Ce livre ouvre une fenêtre sur les profondeurs de l’existence. Rien de surprenant alors à ce que les rêves soient importants à la fin de la vie. C’est un moment où tout s’accélère : les priorités se bousculent, les choix diminuent, les fardeaux deviennent plus lourds et les détresses plus fortes…, le « je » du malade est puissamment sollicité. Le rêve fait alors irruption. Il ramène au rêveur des morceaux de vie partiellement assimilés, comme pour nourrir sa réflexion spirituelle. Son message est cependant parfois obscur : la personne malade cherchera alors à en parler, à le raconter, à voir ce que d’autres y voient. Son rêve devient alors partage, confidence, échange.
— Les Rêves en fin de vie, extrait de la Préface du Dr Patrick Vinay, médecin en soins palliatifs au Centre hospitalier de l’Université de Montréal
Comments 0
Pingback: Les Rêves en fin de vie sur radio Mieux-être | Carnets de rêves
Pingback: Soins palliatifs : l’importance du rêve | Carnets de rêves