Même si le mot « diriger » me heurte un peu, je poursuis la lecture de ce livre de Léon Hervey de Saint-Denys, publié en 1867, Les Rêves et les moyens de les diriger et la description de ce que l’on expérimente parfois — ou que certains d’entre nous connaissent même très bien — la conscience dans le rêve. J’apprécie beaucoup la simplicité et l’humour de l’auteur. « L’habitude de penser durant le jour à mes rêves, de les analyser et de les décrire eut pour résultat de faire entrer ces éléments de ma vie intellectuelle ordinaire dans l’ensemble des réminiscences qui pouvaient se présenter à mon esprit durant le sommeil. Il m’arriva donc une nuit de rêver que j’écrivais mes songes et que j’en relatais de très singuliers. Mon regret fut extrême au réveil de n’avoir pas eu conscience en dormant de cette situation exceptionnelle. Quelle belle occasion perdue ! me disais-je ; que de détails intéressants j’aurais pu recueillir ! Cette idée me poursuivit plusieurs jours et, par cela même qu’elle assiégeait mon esprit, le même songe ne tarda guère à se reproduire, avec cette modification toutefois que, les idées accessoires ralliant désormais l’idée principale, j’eus parfaitement le sentiment que je rêvais, et je pus fixer mon attention sur les particularités qui m’intéressaient davantage, de manière à en conserver en m’éveillant un souvenir plus net et mieux arrêté. Ce nouveau mode d’observation prit peu à peu une extension très grande. Il devenait la source d’investigations précieuses, à mesure que je commençais à entrevoir dans ces études autre chose qu’un puéril passe-temps. »
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