— Holga : Et pendant longtemps à la suite de cela, le même rêve me poursuivait toutes les nuits — que j’avais un enfant ; et même dans le rêve, je voyais que cet enfant était ma vie.
Et c’était un idiot. Alors je pleurais et plus de cent fois je me suis enfuie.
Mais chaque fois que je revenais, il avait le même visage affreux. Jusqu’au jour où j’ai pensé que si je pouvais l’embrasser, du moins ce qui en lui était mien, je retrouverais peut-être le sommeil.
Et je me penchais sur son visage difforme et c’était horrible… Mais je l’ai embrassé.
— Quentin : Est-ce qu’il revient encore ?
— Holga : Parfois. Mais il a en quelque sorte la vertu d’être mien. Je crois que chacun doit finalement prendre sa vie dans ses bras.
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Et lorsque quelqu’un n’a pas pu prendre sa vie dans ses bras, n’a pas pu embrasser l’enfant souffrant que le manque de reconnaissance et le rejet rendent sans doute idiot et difforme, c’est à dire insensé, sans raison d’être – à proportion des plus ou moins grand mépris et rejet dans lesquels on le tient –, cet enfant peut faire prendre des vies par dizaines, peut faire se retourner vers le dehors le mépris et le rejet dans lesquels on le tient. Car telle est, semble-t-il, sa part d’ombre négative et sa dernière tentative pour ne pas être oublié et totalement nié, anéanti. S’il n’est pas embrassé comment supporterait-il que d’autres le soient ?
L’actualité nous le rappelle hélas cruellement en maintes occasions. Que faire ? Œuvrer peut-être, chacun à sa mesure, à la reconnaissance de cet enfant souffrant si souvent de délaissement et de mépris.