Marie-Laure Colonna : sur l’analyse

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FacetteAmePour que cette anima, cet animus, cette âme féminine ou masculine inconsciente passe à l’état conscient, il faut, je vais le répéter souvent, supporter des moments de désorientation extrêmement douloureux.
Pour se réaliser pleinement et se transformer, la personnalité consciente devra accepter pendant un temps de perdre ses contours, de devenir friable, poreuse, ce qui menace beaucoup la confiance en sa propre identité et donne parfois vraiment, dans les moments de dissociation, l’impression que la folie vous guette.
D’où l’importance cruciale que l’analyste soit passé par là.
[…]

Cependant, si les débuts de l’analyse sont certes douloureux et déstabilisants, on assiste souvent, au fur et à mesure, dans la vie des analysants qui abordent cette première phase, à une pacification tout à fait surprenante des conflits divers, voire des drames familiaux qui formaient jusque là la trame collective de leur problématique. Alors le frère drogué se soigne, la sœur haineuse s’amadoue un peu, la mère narcissique ou paranoïaque, la famille en guerre… mystérieusement, tout l’entourage semble profiter, comme par capillarité, de la thérapie d’un seul. Souvent, sans aller jusqu’à parler de guérison collective, des solutions se font jour dans le groupe familial qui s’équilibre alors sur de meilleures bases.
Bien sûr, le retrait des projections qui s’opère dans l’analyse délivre mécaniquement le groupe d’un poids plus ou moins lourd, mais je suis convaincue, toutefois, que notre « peau » psychique est poreuse et que, s’il est vrai que la névrose et la psychose ont un fort pouvoir contaminant, parfois sur plusieurs générations, il est encore plus vrai que l’accroissement de conscience chez un individu entraîne aussi celle de son entourage.
— Marie-Laure Colonna, Les Facettes de l’âme

Comments 1

  1. S’il est vrai que la « pacification intérieure » d’un individu se répercute sur son entourage, ce n’est malheureusement pas toujours aussi simple…
    Il y a des familles dans lesquelles , après qu’un enfant ait été « guéri » de ses troubles, on voit un autre enfant ou un autre membre de la famille développer ces mêmes troubles…comme s’il fallait que quelqu’un se « dévoue » pour porter l’ombre familiale.

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