Cauchemars

Michele Humeur du jour

Parmi les différents types de rêves, sans doute les cauchemars sont-ils les moins aimés. De la simple crainte à la terreur, ils semblent réclamer de notre part une attention particulière, comme s'il y avait quelque chose de vital et d’urgent. Marie-Louise von Franz en parle comme des "électrochocs auxquels la Nature nous soumet quand elle veut nous éveiller(1)." Ils sont une puissante médecine, une aide inestimable pour nous permettre de prendre conscience d’éventuels dangers, psychiques et/ou physiques.

Certains cauchemars sont aussi d’inestimables alliés pour faire face aux traumas. Ils revisitent les lieux, l’espace, le temps et, si nous observons attentivement, nous pouvons voir qu’ils mettent l’accent sur des détails qui peuvent paraître insignifiants de prime abord. Si nous acceptons d'y prêter attention cependant, nous avons l’opportunité de nous soustraire au pouvoir de certains bruits, situations, objets chargés de « mana ».

Les cauchemars nous offrent la possibilité de prendre soin des parts traumatisées, de dialoguer aussi avec les parties de nous qui protègent  — quel que soit le prix à payer — ce qui est l’essence la plus pure de notre être. Les rêves en effet dévoilent ce que notre petit moi ne peut percevoir, et les images puissantes qui montent de l’inconscient contiennent les précieuses indications dont nous avons besoin pour ramener au présent des morceaux d’âme prisonniers du passé. Honte, culpabilité, insécurité, profond sentiment de solitude, terreur, désespoir, révoltes, les cauchemars nous invitent avec force à accueillir — avec la plus grande bienveillance — ce qui nous empoisonne et contient à la fois l’antidote au mal-être.
Et cette invitation fait parfois grand bruit… au point de nous réveiller au cœur de la nuit pour nous offrir un autre regard, une autre perspective, le remède auquel on aspire.

— Michèle Le Clech

(1) Marie-Louise von Franz, La Voie des rêves - Entretien avec Fraser Boa, édition La Fontaine de Pierre