C’est la rentrée (suite)

MicheleArticle, Humeur du jour

A l'école, face à un événement particulièrement stressant, les enfants réagissent de différentes façons.
Ils peuvent ressentir de la peur, de la colère, de l'agitation, de l'angoisse, de la tristesse, être irritables, se mettre à trembler, avoir la nausée, se sentir paralysés, interdits, avoir des vertiges… Ces réactions sont normales, et la plupart d'entre eux sont capables de revenir au calme au bout d'un moment et d'être de nouveau en lien avec les autres. Ils vont souvent rejouer ce qui vient de se passer — ce qui peut être riche d'enseignement pour l'adulte qui les encadre.

Suite à ces événements, les plus jeunes peuvent rester dans l'agitation ou, au contraire, demeurer dans une forme de prostration, sans être en mesure d'en sortir seuls. Il en est de même pour ceux qui n'ont pas bénéficié d'un environnement familial suffisamment sécurisant. Ils sont donc ou très agités à cause du trop-plein d'énergie, ou bien abattus parce que l'énergie décroît drastiquement. Ils peuvent aussi passer d'un état à un autre, comme pris dans une sorte de cycle et ont besoin de la présence de l'adulte pour les aider à réguler l'énergie.

En proie à l'agitation, certains peuvent se montrer un peu trop "partants" et se lancer tête baissée dans toutes sortes d'activités au risque de se mettre en danger. Il s'agit d'aller toujours plus haut, plus vite, d'en faire plus, d'en avoir plus et encore plus (attention, nourriture…). Ils sont généralement inconscients de l'impact qu'ils peuvent avoir sur leurs camarades ou leurs frères et sœurs, inconscients aussi des conséquences que cela peut avoir pour eux-mêmes car ils ne peuvent ni se contenir ni avoir du recul.
Certains enfants deviennent agressifs quand survient un événement marquant. Derrière l'agressivité, il y a souvent la tristesse d'avoir perdu quelque chose de cher ou de spécial, ou l'appréhension (voire l'angoisse) de perdre ce quelque chose.
Essayer de comprendre ce qui s'est passé juste avant le mouvement de colère ou de violence verbale ou physique (qui peut être dirigé contre l'enfant lui-même), aide à mettre des mots sur les sentiments. Ces derniers sont souvent accompagnés d'un sentiment d'impuissance ou de frustration.

Pour aider ces enfants, il est important d'être présents afin de leur apprendre à contenir l'énergie — et peut-être aussi à la réorienter. On leur proposera un léger temps de pause, gentiment, et avec une fermeté bienveillante s'il y a du danger. Ce temps de pause ne sera pas trop long pour éviter d'ajouter de la frustration, mais suffisant pour les inviter à reprendre contact avec eux-mêmes, leur environnement, leurs sentiments, ne serait-ce qu'une poignée de secondes, et cela à chaque fois qu'ils retournent dans cet état d'agitation.
L'idée est de les aider à anticiper, à réfléchir avant d'agir, à canaliser le surplus d'énergie qui s'exprime autrement sans filtre. Cela peut prendre du temps, et il va de soi que forcer ou imposer son point de vue risquerait de créer une résistance hautement contreproductive.

La perte d'énergie, l'apathie, la prostration, le repli sur soi survient généralement après le pic d'agitation, mais peut aussi être quasi simultané suivant l'histoire de l'enfant.
Les enfants "sages" vivent parfois d'intenses émotions à l'intérieur d'eux-mêmes, et si nous n'y prenons pas garde, nous avons l'impression que tout va bien pour eux.
Et puis il y a ceux qui se tiennent en retrait, comme vidés de leur énergie. Ils ne veulent pas participer, communiquent peu, semblent indifférents et s'isolent parfois du reste du groupe. Parmi ces enfants, certains ressentent une très grande fatigue, un terrible sentiment d'impuissance, une immense tristesse, et ont parfois l'impression d'être en dehors du groupe, en marge (parfois même étrangers à ce monde).
Ces enfants ont besoin du soutien de l'adulte afin de pouvoir, à leur rythme, rejoindre les autres. Il est important d'observer leurs réactions car certains ne parlent pas (ce n'est pas de la provocation, ils ne peuvent tout simplement pas). Ce n'est parfois qu'une petite étincelle dans le regard ou un changement dans la façon dont ils se tiennent qui nous indiquent que quelque chose a éveillé leur intérêt. On pourra dès lors reproduire telle ou telle activité, sans les obliger à participer, tout en sachant que l'énergie recommence à circuler lentement pour eux. Le moment viendra où ils manifesteront tout naturellement l'envie de rejoindre les autres.

© Michèle Le Clech

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