Spirituellement terrestre

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Lorsque nous repensons à notre enfance, nous savons qu’à un moment donné l’amour et la joie de vivre nous habitaient, comme une sorte de droit de naissance…
Mais en grandissant, quelque chose est venu nous « vendre » une conception de la vie, un schéma qui tient en une paire d’opposés, une sorte de couple idéal dont on nous vante les mérites. Un couple qui, au fil des siècles, s’est finalement transformé en une sorte de « bully », un côté tyranique, irrespectueux du Féminin, et de sa trop douce épouse.
Et ce schéma, ce mode de fonctionnement, que l’on a adopté inconsciemment, nous voit osciller entre larmes et rage sans que l’on comprenne vraiment de quoi il retourne. Il conduira, des années plus tard, à un malaise des plus profonds.

Le moment vient donc où il nous faut revisiter ce modèle.
Fuir les échanges, ou rester tout sucre en mettant sans cesse de l’eau dans notre vin pour éviter le point de vue binaire et séparatiste ne peut nous satisfaire.
Nous avons soif d’autre chose. Et ce dont nous avons besoin, c’est d’un vin nouveau, d’un tout autre esprit, un esprit capable d’accueillir ce qui est, capable de faire du lien, de réchauffer les cœurs et de faire fondre les rigidités, d’éveiller les consciences et d’insuffler de nouvelles façons d’être… un quelque chose d’aimant, de spirituellement terrestre — qui tient de la Terre Mère et du Père Ciel —, fort de la longue maturation qu’ont permis des générations d’humains au fil des siècles.
Sans cet esprit, issu du couple véritable, nos échanges sont vouées à la stérilité, réveillant chaque fois un étrange sentiment de vide et de solitude.
Une seule gorgée de ce vin, et il se peut que nous éprouvions un choc en prenant la mesure du conformisme, du conditionnement et de la grisaille dans lequel nous baignons au quotidien. Lorsque nous abordons le monde intérieur, c’est en effet un petit soleil  que nous retrouvons, un feu éternel qui ne brûle pas mais réchauffe et éclaire, et quelque chose nous pousse soudain à fuir les exigences et la rigidité du système.
C’est plus fort que nous.
Nous sentons se lever un vent de liberté. Notre structure mentale se transforme et, plus profond nos racines plongent en terre, plus facile est l’exploration du ciel (intérieur). La bulle qui nous tenait séparées des autres (et surtout de nous-mêmes) rejoint alors notre réalité intérieure, et nous sommes souvent surprises de sentir la terre ferme sous nos pas.
Dieu que c’est bon de constater que plus nous faisons courageusement face à ce qui nous habite et plus la nature reprend ses droits. Prenant de plus en plus conscience de la répression qui s’exerçait jusqu’alors, nous sommes rendues capables d’exprimer nos besoins, d’être en lien avec notre vérité, notre authenticité, nos vraies valeurs, notre propre rythme, nos cycles. Au diable les certitudes qu’on nous assène, les devoirs attendront d’être remplis… à l’obligation succèdent à présent choix et envie.
Et, à mesure que nous cultivons notre jardin et goûtons à ses productions naturelles, la fraise a pour nous goût de fraise comme la vie a goût de bonheur (*).

— © Michèle Le Clech

(1) En référence à Alain, Propos sur le bonheur : « Comme la fraise a goût de fraise, ainsi la vie a goût de bonheur. »

Comments 1

  1. Merci de partager ces idées, goûteuses comme des fraises bien mûres. Des fraises des bois bien sûr… Je suis particulièrement touché par la citation d’Alain, qui est tout simplement remarquable. Il semble qu’en effet, la joie soit l’expression de l’accord avec la loi naturelle, comme en témoignent les chats par exemple, quand ils dorment au soleil, s’étirent paresseusement…

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