Paule Lebrun et Marion Woodman : les besoins de l’âme

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La Déesse et la panthèreL’éducation de masse s’attache essentiellement à faire d’eux de meilleurs travailleurs, et néglige complètement les questions beaucoup plus radicales qui réfèrent au sens de la vie, à cette ouverture, cet éveil au Mystère et à la Beauté, qui doit prendre place dans chaque humain. L’âme s’acharne : « I_want_more! » Mais il y a méprise, car on a oublié que le langage de l’âme est, par nature, symbolique… On lui répond : « Achète ! », ou alors « Performe! » Cette littéralité est, d’après la merveilleuse psychanalyste torontoise Marion Woodman, la base de toute dépendance.

Mon cœur a faim, je me bourre ! Mon âme a soif : je bois comme un trou ! Mon être veut plus, je consomme. De plus en plus de chercheurs sont convaincus que la violence, la consommation d’alcool ou la dépendance aux drogues sont des tentatives ratées d’auto-initiation, une réponse, inconsciente mais directe, à l’incapacité de décoder ce besoin sans fin de l’âme.
[…]

L’âme humaine évolue très lentement ; ses vœux sont aujourd’hui les mêmes qu’aux jours les plus anciens. Les jeunes gens que je rencontre ces temps-ci sont beaux, sauvages et ouverts. Ils sont prêts à retraverser le miroir. Quel miroir ? Il n’y a pas de miroir… Ce déni des réalités invisibles sape le goût qu’ils ont de continuer. Secrètement, les jeunes veulent mourir et ne savent pas pourquoi. À ces ados, je dirais : « Parfois on a le goût de vivre, parfois, le goût de mourir. Et le goût de mourir est un signe qu’il faut écouter. Ça ne veut pas dire que vous devriez mourir physiquement. C’est votre âme qui murmure que vous êtes prêts à passer à une autre étape, que quelque chose doit mourir en vous, comme une graine meurt pour laisser place à la plante. Le goût de mourir est le besoin de naître à nouveau. »
Quand ce besoin archétypal de mort-naissance n’est pas satisfait, l’énergie devient violente et dangereuse. le feu qui brûle à l’intérieur de nos jeunes n’est pas intégré à la communauté de façon intentionnelle et avec amour, ils brûleront les structures de la culture, juste pour se réchauffer, écrit Michael Meade.

Quelles seraient les bases d’une initiation pour de jeunes urbains d’aujourd’hui ? On peut probablement garder la même structure mythologique qu’autrefois : la séparation, l’épreuve et le retour. « Sortez momentanément le jeune de cette jungle de ciment, dit Malidoma Somé. Exposez-le au monde de la nature, permettez-lui d’expérimenter directement, d’être en contact avec les arbres, les montagnes, les rivières. Quoi que ressente le jeune initié avant d’entrer dans ce cycle (et que cela relève de la peur ou de la bravade), ce doit être reconnu et accepté, de telle sorte qu’il ne rejette rien de ce qu’il est et se sente entier […]

— Texte extrait du livre de Paule Lebrun, La Déesse et la panthère, éditions du roseau, 1998
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