Le contact avec la nature a ce pouvoir extraordinaire de nous faire renouer avec l’instinct. Combien de fois en a-t-on été coupée ? On ne saurait le dire. Mais il est un moment où l’on sait cette époque révolue. On peut certes le perdre de vue en chemin, et même se tourner vers quelque chose qui ne nous ressemble pas ; mais poursuit-on dans cette direction, on voit bien que cela ne nous appartient pas. On a d’ailleurs trop couru après certaines choses qui ne sauraient nous remplir. La quête de cet instinct, c’est la rencontre avec ce féminin qui s’est trouvé tant de fois coupé de ses tendances naturelles ; c’est aussi accueillir l’immense tristesse qui est la sienne et les larmes que l’on verse contribuent à sa guérison.
Le problème avec la nature retrouvée, c’est qu’elle perturbe l’ordre établi : elle ne paraît pas, elle est. Il nous faudra l’accepter.
Dans les moments difficiles, dans les moments où l’on ne sait quel chemin prendre, elle cherche à rappeler au cavalier sa monture. Cet instinct animal qui nous porte et nous accompagne, c’est la couche profonde de la psyché qui permet d’avancer dans la vie avec une toute autre énergie, celle qui allie la sagesse de l’animal, cette pure nature, à l’intelligence de l’homme. C’est une forme de savoir qui n’est pas de l’ordre de la pensée, mais qui simplement sait, d’expérience, ce qui est bon pour nous, ou ne l’est pas.
Quand la nature véritable se rappelle à nous, il n’est pas rare de croiser la tendance contraire, celle qui vise, parfois de façon agressive, à nous faire rentrer dans le rang.. Quelque chose, en nous ou en dehors de nous, refuse que les choses changent. Mais ce serait sans compter avec la conscience qui peut s’interposer et faire en sorte que rien ne vienne blesser ce que, dans des temps plus anciens ou sous d’autres cieux, l’on considère comme sacré et qui nous relie à la sagesse du féminin.