Compassion

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CompassionFace à la profondeur, nous choisissons parfois de ne pas prendre de risques, préférant reculer devant la difficulté, ou même s’en amuser, ou encore enfouir les choses pour ne pas les affronter.

Mais la vie ne l’entend pas ainsi et elle nous place devant nos responsabilités. Les peurs de notre pauvre moi sont en effet de peu de poids face à ce que certaines réalités exigent de nous. Dans certains cas, ce qui importe avant tout autre chose, c’est la compassion. La grande compassion.
— « As-tu entendu parlé de la compassion ? » dit le rêve.
— « Non, du tout. Personne n’en parle ici. »
Et l’on voit que certains s’assurent que rien n’est fait pour manifester sa présence, coupant court à toute explication. Pourquoi est-ce donc si important qu’on n’en parle pas ?

Certains rêves ne livrent leur secret qu’après une longue méditation, après que, dans le recueillement le plus total, on ait laissé agir les images, les associations venir, les émotions s’installer. Au fil des indices, le mystère s’éclaircit peu à peu. On accueille finalement la peur qu’on a au ventre, et l’on voit maintenant très clairement de quoi elle se nourrit et ce qui se tient à l’arrière-plan : l’ennemi, ce cher ennemi, notre bête noire, l’ombre… celle qui, croyons-nous, est l’obstacle.
Et puis, l’on s’aperçoit tout à coup que celui qui nous menace — cette voix qui nous accuse et que l’on fuit — n’est autre que nous-même. Alors, lentement, on se retourne, et l’on fait face. Loin de fuir ses attaques, on les accueille comme autant de questions qui demandent à être prises en compte et, quand vient le point de discorde, on en voit la justesse et l’on est prêt à payer son tribut.
On comprendra par la suite pourquoi on s’assure quelquefois qu’il ne sera pas question de compassion : elle n’a que faire des protocoles, seul lui importe le cœur des hommes ; en sa présence, on est touché, profondément ému, car elle fait fondre les rigidités et les obstacles que l’on a dressés pour éviter de descendre dans l’abîme, pour éviter d’évoquer ou de vivre la mort d’un moi pourtant déjà moribond.
Mais l’on sait bien que le monde manque cruellement de compassion (au dehors comme au dedans), et on finit par se rendre, renonçant à toute velléité.
Alors elle se tient là, au plus profond de nous, sans bruit. Alors l’ennemi n’est plus l’ennemi, et c’est curieusement en sa qualité que la compassion pourra se manifester à travers nous.
On ne verra parfois que bien plus tard que le cadeau que l’on croyait faire à autrui, par un glissement inconscient — la fameuse projection —, on se l’est d’abord fait à soi-même. Et l’on sourit, heureux de voir que ce que l’on portait de meilleur nous est rendu.

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