Concepts

Certains concepts essaient tant bien que mal de définir des expériences intérieures qui furent feu et sang. Vouloir apprendre ces concepts par le menu ne servirait pas à grand chose, ils ne seraient que coquilles vides. De la même façon, plaquer des concepts sur un rêve ne mènerait pas bien loin et priverait le rêveur de l’essentiel.
C’est la raison pour laquelle cette voie des rêves est si difficile.
Il nous faut en effet vivre les choses les yeux ouverts — et chacun connaît son lot d’expériences — jusqu’à être broyé(e) ou en proie à l’inflation, se noyer, brûler, déprimer, aimer, désirer… ou perdre le sens, etc.
Faisons donc corps avec le rêve et ses baisers brûlants, parfois mortels. La connaissance vient ensuite. Celle-ci utilisera un langage conceptuel, comme elle pourra aussi parler un autre langage, qu’elle choisira suivant les circonstances, suivant les interlocuteurs. Il s’agit avant tout d’une re-connaissance. J’aime ce mot. Re-connaissance. Reconnaissance.
L’âme a faim de cette reconnaissance ; elle a soif de re-connaissance. Et son savoir a une autre saveur, car elle fait son miel de ce qui advient ; ainsi l’âme parle à l’âme par la douceur et la non-violence, par l’infinie patience et le respect, la complicité et la joie, et par l’humilité.
L’âme connaît les secrets et ramène inlassablement le ciel en terre. Elle sait la magie qui s’opère : mort et résurrection, alternance des saisons. Elle ne craint ni les marées qui déposent des surprises, des trésors ou des souvenirs sur le rivage, ni les nuages qui obscurcissent le ciel, ils sont signe qu’il va pleuvoir.

— Michèle Le Clech